Peau-au-feu à la lyonnaise…

En matière de polar, vous savez tout de suite quand vous en tenez un bon : vous ne pouvez plus le lâcher… Vous êtes entré dans l’histoire; vous adhérez aux personnages; vous prisez l’intrigue; vous goûtez au style; vous savourez le suspense… C’est du caviar !

Mais ajoutez un peu de sel avec une action qui se passe dans votre ville natale, Lyon, Lugdunum, la cité des Gaules et de Guignol, et vous voilà parti dans une lecture mariant palpitation et nostalgie.

« L’inconnu de la Tête d’Or » est la cinquième aventure du Commissaire Abel Severac. Sous la plume d’un Parisien, Jacques Morize qui s’est pris d’affection pour sa ville d’adoption. Je n’ai pas lu ses autres livres également lyonnais, mais l’auteur est assurément prolifique.  Il maîtrise très bien les ingrédients du polar avec un récit épicé qui prend le lecteur aux tripes et plusieurs ficelles – ou devrais-je dire quenelles –  qui s’enchevêtrent. Pour sublimer l’ouvrage, une dose de sexe bien troussée car l’oeil d’Abel, un peu lubrique, ne regarde pas que Caïn…

Dans cette enquête, Jacques Morize sème des cadavres pendus à des arbres, notamment dans le très paisible Parc de la Tête d’Or. Où va-t-il chercher tout cela ? Certainement pas dans les faits divers du Progrès. Ou alors c’est un condensé de vingt années de vie criminelle dans la vraie vie lyonnaise. En tout cas, on déguste ce ragoût comme un petit plat mitonné par la Mère Brazier. Et on en redemande !…

Comment ne pas noter enfin ce style court, sans fioritures excessives, doté d’un beau sens de la répartie ? C’est la marque d’un écrivain qui ne se hausse pas du col et va droit à l’essentiel. Il s’amuse à quelques incartades sublimes, comme celle qui m’a laissé pantois : « Fichtre ! Vous me la baillez belle, Commissaire ! » dit un de ses personnages. Un homme qui écrit cela à notre époque ne peut pas être mauvais. Non assurément, Jacques Morize n’est pas mauvais.

Longue vie à cet écrivain qui a l’immense avantage d’avoir un excellent éditeur, Jean Luc Tafforeau des Editions AO. Mon propre éditeur, au demeurant, mais cela ne pèse en rien dans l’objectivité de ma critique. Foi de Lyonnais !