« Un beau soleil intérieur » : ce film vaut d’abord pour Juliette Binoche. Une actrice d’une sensibilité rare qui a une fâcheuse tendance à s’égarer dans des films d’auteurs très arides, peu ouverts au grand public. Quoi qu’amoureux du cinéma dans son universalité, je n’avais pas trouvé récemment de convergence entre son cinéma et le mien.
Quel plaisir donc de la retrouver ! Elle est lumineuse et sait passer du rire aux larmes avec un naturel confondant. « Un beau soleil intérieur » lui donne un bon rôle de composition, celui d’une femme seule, déboussolée, vivant mal sa solitude et désespérément en quête d’amour. Un rôle touchant qui traduit bien la détresse de nombreuses femmes célibataires ou divorcées, qui après un certain âge, peinent à trouver l’âme soeur. Ce combat au quotidien méritait bien un joli film…
Hélas, la réalisatrice Claire Denis traite le sujet avec des gros sabots qui nuisent à l’équilibre du film. Si la belle Juliette est magnifique dans sa détresse et son inconstance, les personnages masculins sont des caricatures grossières, des hommes calculateurs, grossiers, immatures, égoïstes ou faibles, dominés pour la plupart par leur libido. Seul l’homme de la boîte de nuit montre un peu de hauteur de vue, mais ce n’est que parce qu’il ne parle quasiment pas. Quelle misère ! Le personnage du banquier ( un banquier, vous -dis-je, ficelle un peu facile ! ) est tellement odieux qu’on se demande ce qu’elle a pu lui trouver. C’est à vrai dire très improbable !…
Sauf si le propos de la réalisatrice était de dire que la femme de cinquante ans est condamnée à ne rencontrer que la lie de la société, et donc à rester seule. Message très positif comme on voit, qui saura, sans nul doute, capter l’attention des intéressées. Aussi, Claire Denis réalise une petite pirouette finale avec l’intervention de Gérard Depardieu dans un personnage de voyant prêchant pour sa propre paroisse. Malin, même si cela n’apaise pas le caractère désespéré du propos.
J’ai peur qu’une fois de plus, la géniale Juliette se soit un peu fourvoyée. Le sujet méritait un traitement plus subtil. Ne serait-ce que pour les millions de célibatantes…