Et maintenant… Que va-t-on faire, pour paraphraser la chanson de Gilbert Becaud…

C’est d’abord un soulagement. Nous avons réussi à écarter le Front National qui n’apporte aucune solution, et n’est que l’expression du désarroi de nombreux Français par rapport à l’évolution d’une société dont ils se sentent écartés. Le FN n’a pas vocation à gouverner. Il est juste le marqueur des échecs des partis de gouvernement. Retrouvons l’efficacité, ce thermomètre baissera comme par enchantement…

Le président Macron a donc un sacré chantier devant lui : rassembler autour d’un grand projet collectif; s’extraire des idéologies de gauche et de droite qui refusent toujours de juger leurs idées à l’aune de leur efficacité; adopter comme seule ligne directrice le pragmatisme; copier les recettes qui ont marché ailleurs, notamment chez nos voisins qui ne sont pas différents de nous… Tout cela avec la pleine mesure de l’urgence de la situation, le niveau de notre endettement étant tel que nous ne pouvons plus perdre le moindre temps, après les cinq ans d’inaction de la présidence Hollande.

J’ai cru que le meilleur porteur d’un tel projet serait François Fillon. Il aurait été sans doute un excellent président. Mais force est de constater qu’il n’a pas su fédérer, emporter un peuple derrière lui. Ce sera donc Macron et je me range sans états d’âme derrière sa bannière.

Mais je serai vigilant… L’espoir qu’il suscite, me rappelle un peu trop l’emballement collectif de 2012. Ce désir de changement, mais sans douleur. Comme si on pouvait opérer un patient sans utiliser un bistouri.

Il y a pourtant un vrai espoir et je m’accroche à lui. Comme avant lui Sarkozy en 2007 ( on a tendance à l’oublier ), Macron semble vouloir fédérer au delà de son camp, des gens de droite et du centre prêts à se rapprocher d’En Marche au service de notre pays. C’est réconfortant… Fait incroyable, « En Marche » adoucit les politiciens les plus endurcis, à l’image d’Estrosi qui est passé de la droite de LR à sa gauche en quelques mois. A la base de ce revirement, un adversaire intelligent, Christophe Castaner, Macroniste de la première heure, qui a préféré sur la région PACA se ranger derrière Estrosi aux dernière régionales pour éviter un basculement de la région vers le FN. Et comment ne pas s’étonner devant l’attitude collaborative de Bruno Lemaire, jugé très à droite lors de la Primaire de la droite et du centre, et aujourd’hui prêt à servir au centre ? Qu’on ne se trompe pas : il n’y a pas là que des manifestations d’ambitions. Juste le constat que les guerres stériles droite-gauche ne mènent nulle part, et surtout condamnent le pays dans son ensemble par l’incapacité à travailler ensemble.

Par conséquent, Macron semble avoir tous les atouts en mains pour réussir. D’ailleurs, le vote législatif dans quelques semaines devrait aller dans ce sens. Le principal risque est que ce rassemblent au delà des lignes de fracture ne permette pas de prendre des positions trop tranchées. Et que le consensus reste mou…

Ce n’est pas écrit d’avance, car les coalitions en Allemagne ou en Espagne ont été fructueuses. Pourquoi pas chez nous, après tout ? Mais la France est un pays à part, il suffit de voir les 20% de Français qui croient encore au mythe marxiste pour s’en convaincre. Et puis, Marine Le Pen est assez maline pour s’inscrire, dès aujourd’hui comme la principale opposante. Elle est prêt à ramasser la mise en 2022…

Au final, il aurait été préférable d’avoir une parenthèse thatchérienne avec Fillon, et que Macron-Blair prenne la suite. Les Français en ont décidé autrement, préférant jouer le redressement du pays sur un seul quinquennat. C’est audacieux, mais cela peut marcher. C’est au demeurant condamné à marcher, car sinon, on ne coupera pas à voir le Front National triompher dans les urnes.

Alors, tous les réfractaires aux changements doivent bien mesurer le niveau de leurs responsabilités quand ils se prendront à aller défendre leurs acquis dans la rue. Tous les Insoumis peuvent être, s’ils n’y prennent garde, des agents à la solde de Marine.

Les mois prochains vont être passionnants…