Le cinéma a quelque chose de magique, quand vous vous retrouvez dans une petite salle d’art et d’essai. 6 ou 7 spectateurs tout au plus. Deux copines ensemble et, pour le reste, des personnes seules disséminées dans la salle minuscule qui, pour le coup, en devient grande.
Vous ne les connaissez pas, mais pour autant vous ressentez comme une vibration avec ces rares spectateurs. Une communion intellectuelle. Un sentiment d’appartenance à une même communauté. La confrérie virtuelle des amateurs d’images prêts à passer deux heures devant un film iranien ou d’un film argentin dont personne n’a entendu parler. Les doux dingues qui s’éloignent du box office pour trouver les émotions d’un cinéma intimiste inconnu. Ils acceptent le risque d’être déçus, du moment que le film les plonge dans un autre monde.
Le silence est déjà là avant que cela ne commence. Une attente passive devant un écran petit format. Le plafond est bas. La demi-obscurité n’est perturbée que par les deux veilleuses de sorties de secours… Et soudain l’image apparaît…
« The young lady » n’est pas un film totalement hors circuit. Ce film anglais a recueilli déjà un beau succès d’estime chez les cinéphiles qui y voient une Emma Bovary anglaise un peu perverse. Le film est en tout cas assez déroutant. Par sa sécheresse, son image minimaliste, et l’absence de référence à un lieu ou à une époque. On sait qu’on est en Angleterre, au milieu du XIXème, c’est tout… Une Angleterre puritaine, corsetée dans ses bonnes moeurs, qui ne laisse aucune place à l’expression des sens. Cela ne fait pas les affaires de Lady MacBeth, jeune femme dont la robe à crinoline bleue saphir constitue la seule tache de couleur dans un monde gris. Sa nuit de noce a été une catastrophe, avec un vieux mari impuissant qu’elle n’a pas choisi. Elle s’ennuie… Alors, quand vient à passer un jeune palefrenier…
C’est, on le devine, une nouvelle version de la folle histoire de Lady Chatterley et de son garde-chasse. Mais en plus dur. Avec une femme plus machiavélique qui est prête à tout pour préserver son amour et son seul moteur dans la vie. L’histoire s’enfonce dans le crime, et tout se trouble pour devenir glauque.
Le film n’est pas inintéressant, mais il laisse le spectateur un peu en dehors de l’histoire. Les deux personnages ne suscitent pas l’empathie. Surtout, j’ai été un peu gêné par le jeu de l’actrice, un peu trop contemporain à mes yeux. Et ce bout d’Angleterre est quelque peu désespérant.
« The young lady » est malgré tout un moment de cinéma acceptable dans l’actualité cinématographique très pauvre du moment.