« Spotlight » : dénonciation non aveugle…

J’hésitais au vu du sujet traité. L’Eglise catholique est une cible tellement facile dans cette période de tensions inter-religieuses !… Et puis il y a eu l’Oscar du « Meilleur Film », rendant la séance quasi incontournable. D’autant qu’une nouvelle affaire trouble secoue le clergé à Lyon, ma ville natale cette fois-ci… J’aurais pu m’en douter pour un film venant d’un pays extrêmement marqué par le fait religieux : « Spotlight » attaque l’institution qu’est l’Eglise catholique, avec modération. Les enquêteurs débobinent le fil de l’enquête en marchant sur des oeufs, stupéfaits par ce qu’ils découvrent, enragés par l’ampleur du phénomène et en même temps empêtrés par l’impact de ces scandales sur leur propre croyance. La dénonciation est énergique. Mais à aucun moment elle ne stigmatise. On imagine facilement comment un réalisateur Français se serait déchaîné sur un tel sujet. Cette pondération du propos donne toute sa force au film, en lui apportant un sens de la nuance qu’on trouve, en règle générale, davantage du côté des productions européennes qu’américaines. Une inversion des rôles très intéressante… J’ai donc aimé ce film, hautement nécessaire, mais qui ne cherche pas à dénoncer au-delà de ces faits monstrueux. La justesse du film tient aussi à des acteurs très subtils, Michael Keaton et Mark Ruffalo en particulier, sans oublier Liv Schreiber qui apporte une présence remarquable dans le rôle du directeur juif du groupe de presse. Bravo donc à Spotlight qui renoue avec la tradition des films d’investigation. Du cinéma de haute volée…

Une réflexion sur « « Spotlight » : dénonciation non aveugle… »

  1. J’ai vu coup sur coup « Spotlight » et « Les innocentes », 2 très bons films qui bousculent et qui marquent ! On met un peu de temps à les « digérer », car ils abordent des thèmes lourds, et on ressent le besoin de partager ses impressions.

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