Pessimisme d’une heure

Il a décrit le spleen d’une façon unique, quasi définitive. Ces moments de tristesse qui s’imposent à vous parfois de manière impromptue. Quand le coeur est pris dans une tenaille, quand le monde autour de vous ne se voit qu’au travers de lunettes noires, quand plus rien n’a aucun attrait… On a tous connu cela, mais seul Paul Valery en a fait un poème plus vrai que nature…

Il est une douleur sans nom, sans but, sans cause

Qui vient je ne sais d’où, je ne sais trop pourquoi,

Aux heures sans travail, sans désir et sans foi

Où le dégoût amer enfielle toute chose.

Rien ne nous fait penser, rien ne nous intéresse,

On a l’esprit fixé sur un maudit point noir.

Tout est sombre : dedans, dehors, le jour, le soir,

C’est un effondrement dans un puits de tristesse.

C’est surtout vers la nuit, quand s’allume la lampe.

Cet ennui fond sur nous, aussi prompt qu’un vautour.

Le découragement nous guette au coin du jour,

Quand s’élève du sol l’obscurité qui rampe.

Ce n’est pas celui-là qui mène à la rivière

C’est un mauvais moment à passer, voilà tout.

Il nous fait ressortir la joie, ce dégoût

Comme l’obscurité fait aimer la lumière.

En vers, c’est assurément moins triste…