« L’Enigme de la Diane », dans le bain de la Royale

Je suis toujours impressionné quand un auteur arrive à marier deux talents : le talent du raconteur d’histoire avec celui de l’historien. Ecrire sur une période qui n’est pas la sienne n’est pas un exercice mineur. Il faut préalablement se rebaigner dans l’époque, collecter des informations, lire des écrits de l’époque, retrouver l’esprit du moment, et parfois aussi la langue. Tout en trouvant une trame qui puisse capter l’attention du lecteur contemporain. Un sacré défi…

Nicolas Grondin, breton d’origine, passionné de livres, s’est attelé à la tâche en 2010 avec un roman visant à ressusciter la Marine Royale de Louis XVI, « L’Enigme de la Diane ». L’histoire d’un jeune garçon, embarqué de force dans une frégate royale en mission pour les Antilles, qui va découvrir la vie de marin sur un navire de guerre où la vie humaine ne pèse pas lourd, mais qui sait faire naître une incroyable solidarité.

Ce livre est incroyable par sa capacité à se fondre dans la fin du XVIIIème siècle. Il fait revivre le combat incessant de ces hommes contre les éléments, les maladies, la mauvaise nutrition et l’ennemi, l’Anglais en l’occurrence, qui peut survenir à tout moment sur l’immensité liquide qu’il domine avec une flotte souveraine. Le quotidien de ces marins est d’un réalisme stupéfiant, à croire que l’auteur est un contemporain de Suffren ou de Surcouf. « Ce roman est génial » écrit quant à lui Yann Queffélec, un autre grand marin.

La lecture est très facile malgré tous ces termes de mer inconnus ( repris dans un lexique en fin de roman ). Grondin sait trouver le fil romanesque qui rend la lecture quasi addictive. En plus, ses personnages sont bien campés avec le personnage de Basile, un jeune qui apprend à s’adapter aux événements, mais aussi le savoureux Capitaine de Selcy, marin avant d’être chevalier issu de la petite noblesse. A côté de lui, les vieux marins semblent sortis d’un roman de Stevenson : Behan, Kernau, Poiré… La tension des combats et de la cohabitation dans un monde clos prend aux tripes. Le récit est truculent, avec une fois n’est pas coutume, la célébration d’un fait d’armes glorieux de nos forces navales. 1781 fut, en effet, une année faste pour nos armes avec la prise de Tobago dans les Antilles, puis la victoire de Cheasapake qui fut le prélude à la capitulation anglaise dans la guerre d’indépendance américaine.

« L’énigme de la Diane » est un beau roman de marine. La fin du récit nous laisse sur notre faim. Avant de réaliser qu’un tome 2 est sorti en 2012. De quoi replonger dans le panache de notre Marine Royale… Réjouissant !

2 réflexions sur « « L’Enigme de la Diane », dans le bain de la Royale »

  1. Bonjour monsieur
    Auriez-vous des nouvelles du tome 3 de l énigme de la Diane ? L.attente dure depuis trop longtemps…
    cordialement
    HW

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