« Le Poulain », carburant du populisme…

Quel chamboule-tout ! Le « Poulain » est une satire féroce de la vie politique, ou plutôt des cuisines de la vie politique où officient des directeurs de campagne sans foi ni loi dont le seul but semble être de manipuler l’opinion. C’est une comédie, certes, mais grinçante et sans nuances. Elle rend très mal à l’aise par l’image déplorable qu’elle donne de l’engagement politique : des candidats marionnettes, des entourages politiques qui se chamaillent, des responsables politiques qui trahissent comme ils respirent, tout un petit monde au vide intellectuel sidéral…

Le pire, c’est que beaucoup prendront la pastiche pour argent comptant. La politique a tellement mauvaise presse. Et puis après tout, peut-être que cela repose sur une part de vérité. D’ailleurs, la présence au générique de Gaspard Gantzer ex-petite main de Hollande qui joue son propre rôle, semble légitimer le propos. Affligeant !…

C’est de l’humour, diront certains. Certes, mais on ne rit pas souvent. Ou alors jaune… Et puis, dans un pays qui a tendance à se réfugier dans les voies simplistes des extrêmes de droite comme de gauche, attaquer à ce point la vie politique est un joli travail de destruction aux conséquences lourdes. De ce point de vue, je trouve que la série « Baron Noir », tout en étant parfaitement aussi cynique, retranscrivait beaucoup mieux le caractère décalé et hors-sol du combat politique.

Reste une jolie prestation d’Alexandra Lamy en mante-religieuse cynique et capricieuse. Et la présence lunaire, puis rusée du jeune Finnegan Oldfield qui s’affirme, de films en films, comme un acteur sur lequel compter. « Le Poulain » n’en reste pas moins un film racoleur, peu subtil et expéditif. Du cinéma spectacle de rue qui cherche à faire rire sur les mauvais côtés de nos sociétés. Le réalisateur a oublié que les meilleures comédies ont toutes gardé une part de bienveillance, même lorsqu’elles appuient là où cela fait mal…