Huit montagnes bien attachantes

Quels sont les moteurs de succès en littérature ? Voilà une question bien audacieuse. Ils sont innombrables, sans doute. Point de recette, cela serait trop facile. L’aléa merveilleux d’un livre trouvant son public en serait amoindri. Il y a là de l’ordre du mystère, de l’inconnu, de l’inattendu… Du non-quantifiable. Et c’est très bien comme cela. 

Enfin… pour se risquer à une hypothèse… si on pouvait détecter un seul point de convergence, l’authenticité serait sans doute la pépite commune à tous les écrits qui plaisent. Bien enfouie dans le creux d’une histoire, c’est elle qui renvoie le lecteur à ses rêves. C’est elle qui rend le lecteur accroc à la musique d’une histoire. Même quand les caractères des personnages ne lui parlent pas.

Les huit montagnes, premier roman d’un jeune auteur italien, a remporté un beau succès d’estime à sa sortie. Il a un charme indéniable. Même si son personnage principal, le Jeune Pietro est un héros improbable. Un garçon ordinaire sans grande envergure qui ne sait pas déclarer l’amour qu’il ressent pour son père, et nourrit des relations dénuées de sentiments pour les filles. Un homme qui semble vouloir fuir la réalité, en s’échappant loin sur les contreforts de l’Himalaya. Un homme somme toute assez fade qui ne provoque pas d’adhésion particulière du lecteur. Mais deux qualités brillent comme des éclats de pierre précieuse dans ce tableau morose : son amour de la montagne, de son coin de montagne du Val d’Aoste en particulier, lié à ses souvenirs d’enfance ; aussi une amitié forte nouée avec un jeune paysan un peu frustre Bruno qui va se révéler être un allié des bons et des mauvais jours.

Cet attelage improbable du montagnard et du citadin est, contre toute attente, bien coordonné. Une même passion de la montagne qui, chez le jeune Pietro, va se déclarer après le décès du père. L’attachement au village de Grana et à ses montagnes par piété filiale est très touchant. D’autant que cette transmission père/fils se fait au delà de la mort sur chaque sommet que le père a gravi seul, au moyen de divers compte-rendus d’ascension dans des boites cachées au sommet que le fils découvre. Idée géniale qui enveloppe le récit dans un nuage de nostalgie, mais sans excès, juste par petites touches subtiles.

Ce roman ne pouvait que me toucher par cet amour pour un petit coin des Alpes, comme dans mon second roman. Mais il détient en plus ce petit plus qu’est la fidélité au père et le regret des occasions manquées. Même si je ne me reconnais pas dans la fuite très loin du héros, j’ai aimé ce livre qui a trouvé plein de résonance dans ma propre histoire. Un livre authentique assurément… 

2 réflexions sur « Huit montagnes bien attachantes »

  1. Un autre aspect m’a touchée et intéressée dans ce livre: Le rapprochement avec la vie en Himalaya qui ressemble à celle qui était menée dans les Alpes il y n’y a pas si longtemps. Comme si l’auteur nous envoyait un message d’avertissement sur les perversions du tourisme et Les jugements trop hâtifs. Livre riche sans aucun doûte!!

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