Game of Thrones, délire d’images…

Quoi de mieux qu’un confinement pour s’attaquer à la mère des séries, « Game of Thrones » qui a rassemblé un nombre ahurissant d’adorateurs partout sur la planète !… La série qui a permis aussi à Netflix de faire un hold-up sur les réseaux du câble du monde entier, rendant l’abonnement au cablo-opérateur américain quasi obligatoire pour tous ceux qui veulent être dans le coup. Ce n’était pas mon cas… J’avais préféré rester fidèle à Canal+, dernier défenseur de notre exception culturelle. Mais quand Canal+ rend disponible la vision de la série phénomène, pourquoi ne pas se laisser tenter ? En ces périodes de désœuvrement…

Quelle bonne dope !… Une injection en intraveineuse d’un à deux épisodes de 50 mn par jour, vous voilà shooté pour la journée, au point de supporter le confinement avec un sourire béat. Quelle débauche de spectacle ! Les jeux du cirque de Rome en version moderne, c’est à dire, du sang, de la violence,  des combats, des jeux de pouvoir, et du sexe, beaucoup de sexe… L’Amérique, pays le plus pudibond du monde s’est converti, pour l’occasion, à la « French touch » en affichant des scènes de galipettes sans la moindre retenue. Assurément un facteur de succès… Mais soyons honnête, le spectacle va beaucoup plus loin…

Le scénario est tortueux, multiforme, avec une imagination débridée qui en fait un spectacle somptueux, avec des paysages à couper le souffle. Encore plus dépaysant : le récit est totalement imprévisible. Le scénario prend régulièrement des directions inattendues ; des héros disparaissent prématurément, nous laissant quasi-orphelins. De manière générale, le spectateur est pris dans un étau; il sursaute de surprise, il hoquète de dégoût; il gémit de plaisir ; il soupire de délectation… Une drogue, je vous dis. Une drogue dure qui vous laisse gérer vos doses initiales de 73 épisodes avec parcimonie, comme pour faire durer le plaisir.

« Game of Thrones » est une grande réussite par sa capacité à créer un nouvel univers, comme Star Wars en son temps. Il en appelle à notre imaginaire, en situant l’action dans un moyen-âge improbable. Il joue sur les jeux de pouvoir, rappelant à certains moments « les rois maudits » de Druon. Une belle référence !… Mais il y a aussi comme un goût de mythologie grecque dans cette recette, des dragons remplaçant avantageusement pégase et minotaure. Et parfois c’est le souvenir de Torquemada et de sa Sainte Inquisition qui fait surface dans des scènes de brutale religiosité.

Cette série est une salade de fruits incroyable où tout est mélangé. Cela aurait pu être indigeste. Cela se savoure au contraire avec plaisir. Il faut juste ne pas résister, se laisser happer par l’histoire, et retrouver, le temps seulement de ces quelques images – espérons-le –  l’instinct d’homme des cavernes qui sommeille en nous.

Une régression collective stimulante, mais qui ne donne pas envie, pour autant, de priver nos producteurs nationaux de leurs moyens pour produire des histoires « à la Maupassant ». Non, ce n’est pas encore aujourd’hui que je souscrirai un abonnement Netflix…