Un Goncourt anachronique…

Un Goncourt de 150 pages au petit format. Voilà le rêve du lecteur moderne, économe de son temps… Mais cet atout de principe est gommé par le choix du sujet, une analyse critique de la montée du nazisme. Un sujet qui n’est pas consensuel, et qui aura sans doute détourné de nombreux lecteurs n’ayant pas pu « rentrer dans l’histoire ». D’ailleurs, il vaut mieux parler en l’occurrence d’Histoire car ce livre n’est pas un roman, mais un récit. Un récit au vitriol, porté par un style court, fort, percutant. Des mots sulfuriques pour dénoncer le manque de courage et de clairvoyance de quelques caciques face à l’extension malfaisante de la pieuvre nazie. Fort bien !… Il se trouve que je suis un passionné de cette époque, au point de m’être souvent posé la question : « qu’aurais-je fait si j’avais vécu à ce moment là ? ». Une question à laquelle, à 55 ans, je n’ai pas encore trouvé de réponse. Enfin, j’entends, de réponse objective et honnête.

Eric Vuillard n’a lui aucun doute. Continuer la lecture de Un Goncourt anachronique…

Paris fête son créateur…

Il a comme lui quatre lettres dans son nom. Et les deux premières sont communes. Dior est dans la mode aussi connu que Dieu. Et comme pour Lui, c’est son fils qui fait parler de lui. Son fils adoptif, Bernard Arnauld, qui n’a pas cru bon de mettre CD dans son LVMH, mais qui veille sur son héritage avec les yeux de Chimène. Dior est son joyau, sa pépite. Il n’a pas fini de la faire lustrer.

La collection Dior qui s’affiche au Musée des Arts Décoratifs, s’apparente au Second Testament. La plus belle vitrine du prophète. La foule des fidèles s’agglutine  – deux heures d’attente dehors, dans un froid de gueux – pour s’approcher du maître, admirer ses collections et respirer l’air de la haute création et du très grand luxe. Continuer la lecture de Paris fête son créateur…

« Coco », Picasso du dessin animé

La bande dessinée ou le dessin animé est un art mineur, c’est bien connu… Un truc essentiellement pour les enfants. Jusqu’au jour où Pixar se décide à travailler dur sur un projet de film, en essayant d’élever son jeune public à sa qualité d’être-humain à part entière. Il en sort « Coco », un dessin animé, à nul autre pareil. C’est normal car c’est un pur chef d’oeuvre…

Quelle idée audacieuse de parler de la mort à un jeune public qui ne fait que commencer sa vie. Parler de la famille, des ancêtres, de la filiation, de l’arbre généalogique. Et des disparus qu’on honore le jour des morts. C’était casse-gueule, à n’en pas douter, car la mort fait peur. Elle ne se raconte pas…

L’idée géniale est Continuer la lecture de « Coco », Picasso du dessin animé

Calembredaines : deuxième bougie…

Deuxième année pour mon petit blog Calembredaines. Deux années que je m’astreins à écrire ce qui me fait vibrer. Raconter mes coups de coeur, mes joies, mes petits plaisirs, tout ce qui constitue le poivre et le sel d’une existence…

Plaisir hédoniste ? Sans doute… Mais j’adore écrire. Et à défaut de pouvoir avancer sur mon roman numéro 3, je m’exerce avec ce blog. C’est une forme d’entretien, comme une course de jogging pour maintenir en forme.

Hélas je n’ai pas réussi à faire de ce blog un lieu d’échanges. Personne ne réagit à mes messages. Je sais que j’ai des lecteurs. Mon compteur des visites tourne et accélère. Et grâce à Google Analytics, je découvre que mon audience va bien au-delà de Paris où j’habite et de Lyon où je suis né… Continuer la lecture de Calembredaines : deuxième bougie…

Le Capitaine Fracasse, cet inconnu

Il est de ces personnages de roman que nous croyons connaître. Des héros de cape et d’épée que nous connaissons par les films des années 50-60 en noir et blanc, avec le plus souvent, André Hunnebelle à la réalisation et Jean Marais dans le premier rôle. Mais nous mélangeons tout entre le Bossu, le Capitan, le Capitaine Fracasse, Cartouche, Scaramouche… Avant d’être un film, le Capitaine Fracasse était un livre. Un livre de Théophile Gauthier, un écrivain connu pour ce seul roman qu’il mit une vingtaine d’années à écrire. Un roman pour la jeunesse, dit-on. Est-ce vraiment le cas ? Combien de jeunes l’ont réellement lu ?

Cela faisait longtemps que j’avais envie de le lire car le nom de Fracasse avait sa part d’aventure, ce petit goût d’authentique qui tient une place dans notre imaginaire, comme un lien vers l’enfance. Encore fallait-il avoir le courage de plonger dans une oeuvre de 700 pages plutôt dense ? Continuer la lecture de Le Capitaine Fracasse, cet inconnu

Naissance d’une légende

« La promesse de l’Aube », mon roman préféré au cinéma… Quelle aubaine ! Le livre qui m’a fait vibrer, qui m’a ému, qui m’a emballé par son écriture soignée. Le livre incontournable de la littérature que j’ai vainement tenté de copier dans mon premier livre « le collectionneur amoureux ». Je suis un Gary(ste) convaincu, j’ai lu l’essentiel de son oeuvre, ses deux Goncourt bien sûr, mais aussi « l’éducation européenne », son premier livre et quelques autres. Le destin incroyable de ce petit Polak juif devenu Consul de France pour répondre aux rêves de sa mère, me fascine totalement. La vie de Gary est un roman fleuve. Le cinéma pouvait-il lui rendre justice ?

La réponse est oui. Je suis sorti les larmes aux yeux du film « La promesse de l’Aube ».  Un film qui est fidèle au livre, mais qui, plus que cela, donne envie de le (re)lire. Car le film est bien sûr réducteur. Quelle histoire incroyable !… Continuer la lecture de Naissance d’une légende

Etrivieres

Voilà un mot qui ne risque plus guère de refaire surface, car il est politiquement incorrect. Se faire donner les étrivières, c’est se faire battre à coup de sangle, cette même sangle qui suspend les étriers. Finalement ce n’est pas plus mal car les corrections physiques ne sont pas la meilleure façon de faire entendre raison. Mais il est encore permis de menacer des étrivières. Si la menace est bien perçue comme telle par l’interlocuteur lettré.

Le Lavoir moderne : comme dans un rêve

Depuis que je travaille et que je suis entré dans la vie active, j’ai une hantise : sortir d’un repas professionnel avec une tâche de gras sur ma cravate. Non pas que je craigne d’afficher pour le restant de la journée une tâche indélébile, mais plutôt parce que je sais que je vais devoir passer au pressing et enrichir mon teinturier au visage bronzé qui passe toutes ses vacances aux Antilles.

Si un métier restait à l’abri de toute pression concurrentielle, c’était bien celui-là. Soit on allait au « 5-à-sec », économique dans ses tarifs, mais jamais concluant dans ses résultats; soit on devait se résoudre à payer le quart du prix de sa cravate en frais de pressing. Et puis est arrivé une start-up salvatrice : le Lavoir Moderne… Continuer la lecture de Le Lavoir moderne : comme dans un rêve

« Les Gardiennes », comme les Glaneuses…

J’aime le cinéma qui prend des risques… Sortir un roman des années 20 de son anonymat (malgré le prix Goncourt qu’il a obtenu ) et raconter à sa suite une histoire totalement rurale des années de guerre14-18, on ne peut pas dire que Xavier Beauvois joue la facilité. Est-ce si étonnant de l’auteur des « Hommes et des dieux » ? Le pedigree de l’auteur et le sujet peu consensuel ont, en tout cas, suscité ma curiosité.

Ce film est très étonnant. Il est peu bavard, et l’action se traîne à un point qui peut relever d’un quelconque record du livre Guiness. La vie laborieuse, monotone et sans éclat des paysannes suppléant leurs hommes au front pendant les années de guerre remplit l’écran avec une sobriété qui confine à l’ascétisme. Continuer la lecture de « Les Gardiennes », comme les Glaneuses…

Boire, cela s’apprend…

Quel plaisir cela a été !… Une séance d’oenologie en famille sous le contrôle d’un maître, Pierre Jaboulet-Vercherre. Un orfèvre du vin qui nous a enchantés par ses talents de conteur et sa subtile pédagogie pour nous faire partager sa passion. L’homme est négociant depuis cinq générations. C’est peu de dire qu’il est passionné. Le vin est sa vie. Tout simplement…

Il collectionne des bouteilles, moins pour spéculer que pour les boire entre amis. Mais surtout il aime donner le goût du vin par des séances de découverte au sein de son atelier, « la cave de l’ange gardien ». Si ce nom est issu de son histoire intime, il n’en reste pas moins bien trouvé. Pierre est l’ange gardien des « amateurs ». Il éveille leurs papilles, il éduque leur goût, il prévient contre les pièges. Surtout il apprend que chacun doit former son propre goût et ne pas se faire tyranniser par les appellations, les prix et les étiquettes. Passionnant ! Continuer la lecture de Boire, cela s’apprend…