Le tableau volé

Le cinéma a le pouvoir de nous déplacer dans des univers inconnus et de nous faire rêver à d’autres destins que ceux que nous avons choisis. « Le Tableau volé » est un film sans autres ambitions que de nous plonger dans le monde de l’Art, de ses professionnels, de ses clients, et de toute la galaxie qui l’entoure.

Reconnaissons qu’il le fait très bien, avec un scénario bien huilé et parfaitement crédible : quand une situation héritée devient une source d’émerveillement. Un tableau connu qui refait surface, après la disparition des accapareurs issus de la guerre. Une avalanche d’argent qui tombe sur un jeune garçon incrédule qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Mais avant cette fin, il y a un savoureux préambule : le commissaire-priseur blasé joué avec brio par un Alex Lutz cinglant ( très loin de ses one-man shows comiques ) ; ses relations tendues avec une jeune assistante mystérieuse ( troublante Louise Chevillotte ) ; l’ex-femme Lea Drucker détachée et complice qui ne veut pas renoncer à l’état amoureux ; l’avocate apporteuse d’affaires qui reste fidèle à son éthique…

Bref, un petit monde qui s’agite autour d’un tableau qui peut donner un formidable coup de boost à la carrière de chacun. Mais il faudra avant cela échapper aux peaux de bananes et aux coups tordus, car le milieu n’est pas, à proprement parler, un monde d’enfants de coeur. Le film est plaisant par ce côté instructif. Mais il va plus loin grâce à la jeune actrice Chevillotte très impénétrable dans ses relations compliquées avec son père, joué par l’inattendu Alain Chamfort. Les acteurs sont tous parfaits et le spectateur en sort conforté dans l’envie de fréquenter davantage les salles de ventes. Ne serait-ce que pour s’initier aux plaisirs des beaux objets… C’est là un des atouts incontestables de ce joli film.