L’adolescence et les premiers émois amoureux sont une veine inépuisable pour la littérature et le cinéma. Le coeur qui bat pour la première fois, on n’a jamais connu mieux. C’est un tremblement de terre qui bouleverse la moindre de nos cellules. Un coeur qui sort au forceps de la léthargie de l’enfance pour accoucher du plus beau des sentiments. Un arc-en-ciel émotif qui nous révèle subitement toutes les couleurs de la palette de la vie. Un moment merveilleux ! Toute la suite n’est qu’une vaine tentative de reproduire l’émotion de la première fois, une course après l’éclat et l’irradiation que cela a laissé dans notre coeur.
On comprend que François Ozon, heureux architecte de rencontres fulgurantes dans des films comme « L’amant double » ou « Frantz », se soit essayé à adapter un roman à succès, « la danse du coucou » qui relate une de ces premières rencontres. Le cinéaste a assurément le tact pour mettre en bouche ce bonbon acidulé sans rien oublier des froissements délicats de l’emballage qu’on dépiote.
Mais, concession faite au temps ( ou au roman que je ne connais pas ), c’est un amour entre garçons qui nous occupe ici. Premier nuage de gêne passé face à une réalité qui ne provoque pas chez moi de phénomène d’identification, je me suis finalement laissé prendre par le charme des deux jeunes interprètes. Le film créé un courant de connivence, et la chose apparaît quasi naturelle… Et puis, le jeu tout en finesse de Valerie Bruni-Tesdeschi en mère d’un des deux garçons donne de la consistance à une adhésion qui est aussi une volonté de ne pas voir. Le film est court, mais puissant. Il n’est, en aucune façon, militant et s’attache à retranscrire juste l’émotion. Une vraie réussite. Les larmes des protagonistes ont pour le spectateur un goût de sel. Les deux jeunes acteurs sont touchants de grâce et de naturel.
Un bon film tout simple qui est un bon moyen, après le confinement, de recoller aux émotions des grandes salles…