« Le dernier des nôtres » : voilà un titre emballant. Si l’on ne m’avait pas offert ce livre pour Noël, il est bien possible que je l’aurais acheté de moi-même. Grand Prix du Roman de l’Académie Française, en plus. On est déjà dans le succès d’édition. Même si son auteur, la jolie blonde Adélaïde de Clermont-Tonnerre n’est pas une célébrité…
Ce roman réussit le tour de force de passionner le lecteur dès les deux premiers chapitres. Deux chapitres fort différents au demeurant. Le premier parle d’un coup de foudre, ressenti par un homme pour une femme rencontrée dans un restaurant. Werner Zilch, un beau gosse new-yorkais craque totalement pour Rebecca, une jeune femme inconnue qu’il va tout faire pour séduire. Ce qui donne lieu – sous la plume d’Adélaïde – à une série savoureuse de quatre règles élémentaires à respecter pour faire tomber une fille. Reconnaissons que le conseil fait sourire, tant il est inhabituel venant de la gente féminine.
La rencontre entre les deux personnages racontée par Adelaïde est romanesque à souhait, presque un rêve de jeune fille, tant l’implication du jeune homme est forte au service de l’objectif poursuivi.
Puis, le second chapitre nous transporte dans Dresde en février 1945. La ville agonise sous une pluie de bombes. Dans les ruines, une jeune femme blessée à mort donne naissance à un petit garçon. Elle le confie à l’homme qui l’a aidée à accoucher, en lui recommandant d’en prendre soin, car « c’est le dernier des nôtres ».
Le décor est dressé d’une écriture fine et généreuse. Nous voilà embarqués dans une saga de quelques 500 pages, avec un scénario bien huilé dont on peut imaginer qu’il intéressera des producteurs de cinéma.
Adelaide de Clermont-Tonnerre y fait preuve d’une belle puissance narrative, et d’une capacité amusante à se mettre dans la peau de son Werner, un homme dont on imagine qu’il constitue un peu son modèle d’homme. La restitution des années 70 est assez bien faite, notamment avec un personnage de hippie végétarienne bien campé. Mais c’est surtout dans les pages des années 40 qu’elle montre ses talents d’écrivain : l’Allemagne des années de guerre y est décrite avec beaucoup de justesse. Surtout, elle aime ses personnages et arrive à nous les faire aimer.
Ce livre est une belle réussite. Un beau moment d’évasion que vous ressentez comme tel, quand après une journée de travail, allongé sur votre lit, vous avez plaisir à reprendre le cours de votre lecture. Ce sont à ces petits signes qu’on reconnaît un bon bouquin. C’est aussi le rêve avoué de tout auteur. Bravo Miss Adélaïde, votre but est joliment atteint.