
Ce film tient l’affiche depuis plusieurs semaines, il est à voir impérativement avant de disparaître des écrans.
Un film puissant qui vous prend à la gorge dès les premières images. Cette situation de repli désordonné de grandes puissances après l’échec de leurs interventions extérieures rappelle bien sûr l’abandon du Vietnam par les Etats Unis en 1975. C’est la fin d’un monde, un château de cartes qui s’écroule, les certitudes morales du modèle occidental qui s’effondrent… Le sauve-qui-peut généralisé peut s’effectuer de manière brutale et égoïste ou avec quelques derniers soubresauts d’humanité face à tous les laissés-pour-compte, ces autochtones qui ont servi la cause occidentale dont la vie est menacée par la vengeance des vainqueurs.
Mohamed Bida, algérien, dont le père a choisi le camp de la France en 1962, et qui a eu la chance d’être rapatrié, a une occasion unique de rendre la monnaie de sa dette familiale. Il est le chef de la sécurité de l’Ambassade de France à Kaboul, appelé en août 2021 à rapatrier des milliers d’Afghans et d’Européens qui ont trouvé refuge dans la dernière ambassade ouverte dans le pays. Le film raconte sa délicate mission face à des Talibans expéditifs qui n’ont pas envie de faire de quartiers.
La tension est présente dans chaque scène. Face à cette pression, Mohamed ( excellent Roschdy Zem ) garde son calme et reste fidèle à ses valeurs. Il va réussir la mission qu’il s’est lui-même assigné et sauver quelque 2.800 personnes au prix d’une retraite chaotique émaillée de nombreux incidents et d’attentat. Rien que pour ce fait d’arme personnel, le film méritait d’être tourné. Rendre hommage à un grand monsieur qui a honoré son drapeau et n’a été promu que « chevalier » de la légion d’honneur pour avoir pris tous les risques.
Ce qui fait aussi le succès du film, ce sont les moyens matériels mis au service de l’histoire : un Kaboul à la dérive avec son aéroport pris d’assaut est parfaitement restitué sur les terres du Maroc. Dimitri Rassam, le producteur, aidé par Disney Plus, a mis le paquet pour mettre en valeur cet épisode où la France a tenu la place qui est la sienne dans le concert des Nations. Une France qu’on aime, qui n’abandonne pas ceux qui lui ont été fidèles et ceux qui sont menacés dans leur existence. Oui « thirteen » peut subrepticement devenir « thirty », voire « forty », les Français prononçant si mal l’anglais….