L’outrance : beaucoup de comédies reposent sur ce concept. Mais c’est un exercice périlleux qui doit être mené par un artiste chevronné. Louis de Funès était parfait dans ces personnages déjantés. Ce n’est cependant pas à la portée de tout le monde.
André Dussollier, acteur réputé sérieux, sachant être piquant et joyeux drille dans certaines circonstances, pouvait-il relever le défi ? Devenir ce militaire à la retraite, portant haut ses oeillères et ses principes, pour qui la découverte de l’ancienne infidélité de sa femme va tout bouleverser, comme une boule folle dans un jeu de quilles.
Au final, mission réussie sur toute la ligne. Notre Dédé national, souvent réservé aux rôles de falot maladroit et distingué, comme dans « les enfants du Marais » nous fait un véritable festival. Il accapare l’écran dans une franche partie de rigolade. Le personnage est odieux, mais par sa pureté et son caractère décalé dans une période aux principes plutôt chahutés, il est touchant et fait rire. L’histoire est certes exagérée, mais pas plus que dans « Oskar » avec son de Funès survolté. L’inattendu tandem Lhermitte-Azema qui l’accompagne est complice, de même que les trois enfants aux caractères très typés. Un assaisonnement favorable pour permettre à cet automate galonné, remonté jusqu’à son dernier ressort, de parcourir l’écran de droite à gauche, puis de gauche à droite jusqu’à épuisement du mécanisme. Le spectateur hoquète de plaisir, avec parfois une petite anxiété que le récit tourne court. Mais non, il y a toujours un nouveau pétard qui éclate pour nous remettre dans la partie.
Le film n’est, certes, pas de ceux qui marqueront les annales, mais je suis sûr qu’il fera partie de ceux qu’on aura plaisir à voir et à revoir, le dimanche soir à la télévision. Ne serait-ce que pour voir un grand acteur au sommet de son Art qui sort de sentiers qu’il a bien battus, et semble nous dire avec son air rigolard « elle est bien bonne, celle-là…. » Merci Dédé, tu es le plus grand.