Après le savoureux « les Nouveaux Sauvages », le cinéma argentin nous revient avec « El Clan ». J’aime l’idée que des films d’Amérique du Sud sans grandes vedettes puissent traverser l’Atlantique. En l’espèce, « El Clan » mérite assurément le détour. Une plongée dans l’Argentine des années immédiatement postérieures à la dictature, quand les barbouzes se sentaient encore libres de s’adonner à leur occupation favorite : l’enlèvement crapuleux avec rançon. Une activité que Puccio, ancien membre de la sécurité intérieure, pratique en famille, comme une activité respectable. Sauf que les enlèvements se terminent toujours par l’assassinat des victimes. Le mal à l’état pur, mais un mal débonnaire avec l’acquiescement tacite de l’épouse et le regard détourné des filles. Quant aux deux fils, ils essayent de se soustraire à l’autorité paternelle, mais finissent par se soumettre. Une jolie entreprise familiale somme toute, d’autant plus prenante que c’est une histoire vraie. Pour expliquer l’inexplicable, il fallait un très grand acteur. Guillermo Francella est stupéfiant dans le rôle de Puccio. Ses yeux perçants, son calme olympien, son ton de voix monocorde, tout fait de lui un redoutable manipulateur qui tisse autour des siens une toile d’araignée maléfique. Le dilemme du fils, partagé entre remords et scrupules, et l’emprise forte de cet homme qu’il aime, m’a fait penser à « The Reader ». Deux films qui ne savent répondre à la question : comment vivre quand on découvre qu’on a des sentiments pour un monstre ? A voir pour découvrir le mauvais versant de l’âme humaine… Le tout dans un espagnol très pur. Bueno !
Une réflexion sur « « El Clan » : glacial à souhait… »
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Sur un autre sujet, mais tout aussi glaçant, « Spotlight », du nom de l’équipe de journalistes du Boston Globe qui a mené une enquête serrée sur des cas de pédophilie dans l’Eglise catholique. On en sort secoué(e) par l’ampleur du scandale mis au jour !