Le site Babelio où je reproduis mes articles, me fait découvrir régulièrement de bons romans. La dernière découverte est une excellente pioche.
« Surface » est un polar écrit par un ancien policier qui en est à son quatrième opus. Un homme qui connaît la musique, et qui en est d’autant plus crédible dans la description du monde de la police. C’est déjà un point positif. Encore faut-il savoir raconter des histoires. Et là, en l’espèce, nous avons affaire à un orfèvre.
Dans un style concis, sans fioritures, Olivier Norek nous campe le décor avec beaucoup de talent. Il ne faut pas plus de quelques pages pour être totalement dans le bain. Après, vous n’avez pas envie d’en sortir. L’eau sera depuis longtemps froide que vous serez toujours absorbé dans le récit.
Comment expliquer cette addiction du lecteur ? Difficile à dire… C’est une accumulation de petites choses. Des personnages poignants d’humanité; une absence d’affèterie littéraire; une parfaite connaissance de son sujet dans ses aspects techniques; une touche d’exotisme avec une action se passant dans une région méconnue ( Decazeville, dans le département de l’Aveyron ) ; un scénario qui suscite un intérêt croissant avec l’évocation du mythe d’un vieux village englouti par un barrage… L’idée est d’ailleurs assez géniale, car je me souviens bien d’avoir, dans mes jeunes années, guetté avec excitation les flots d’un barrage en période de sécheresse, en espérant voir dépasser le haut du vieux clocher englouti. Comme pour le Titanic, les passions s’emballent vite, lorsqu’il s’agit de distinguer des souvenirs du passé dans un lieu de vie submergé par les eaux.
Greffer là-dessus une vieille affaire jamais résolue, un « cold case » rural assez alambiqué, et vous avez là tous les ingrédients pour quelques nuits sans sommeil pour avancer dans l’histoire.
Le dénouement est d’abord un peu déroutant, presque décevant. Mais c’est sans compter sur le talent de l’auteur avec une histoire à tiroirs qui vous déroutera jusqu’au bout. Au final, pourquoi se jeter sur des auteurs américains déjà richissimes comme Harlan Coben, alors que nous avons chez nous des auteurs aussi bons. Surtout quand le récit est tricoté dans un univers qui nous est en même temps familier et étranger.