Pour une fois, le titre du film a été francisé… Et objectivement « Coeurs ennemis » est beaucoup plus parlant que « The aftermath ». Il serait temps que nos censeurs du cinéma arrêtent d’avoir honte de notre langue. Ou de considérer l’anglais comme plus sexy…
« Coeurs ennemis », donc, est un film séduisant sur le papier. Une histoire d’amour entre un jeune veuf allemand et une anglaise, femme d’un colonel des troupes d’occupation britanniques juste après la guerre dans une Allemagne dévastée, il y a là matière à ouvrir une page d’Histoire avec un joli jeu d’acteurs, partagé entre deux langues saxonnes. Et puis, il a la divine Keira Knightley au générique, une actrice au regard lumineux et à la présence aussi douce que son patronyme est aride.
Hélas, trois fois hélas, le film est d’un académisme pesant. Le réalisateur oublie l’Histoire, en centrant sa caméra sur un couple disparate qui apprend à s’apprivoiser, malgré les cendres à peine éteintes d’un conflit qui les a tous deux meurtris dans leur chair. Ce tête à tête n’est, à vrai dire, pas déplaisant, avec quelques scènes d’une belle sensualité. Mais on attendait mieux d’un contexte historique aussi explosif. Un scénario « à l’économie » a vite raison de notre appétit d’aventure et de découverte d’une période oubliée de notre Histoire. Il y manque le souffle d’un réalisateur d’exception…
Dommage ! C’est une constante de notre époque de débiter à la chaîne des films à la sensibilité bien formatée pour plaire à tout le monde. Le prêt à porter du cinéma, en somme… Pas déplaisant. Mais, à tout faire, je préfère la haute couture. Revoyez dans le même registre « Sur la route de Madison » de Clint Eastwood, vous aurez des émotions autrement plus fortes, et Meryl Streep arrivera sans mal à éclipser les yeux clairs de la sublime Keira Knightley…