« Adieu les cons », Dupontel en lévitation…

Au fil des films, ce garçon prend de la consistance… L’épaisseur d’un réalisateur qui a sa griffe, reconnaissable entre toutes, comme avant lui Hitchcock ou Truffeau. Assurément, Dupontel se bonifie lentement; comme un bon vin bien charpenté, je dirai un Cahors qui vous secoue les papilles de manière inattendue. Il y a là une dose puissante d’euphorisant, un soupçon de cynisme, une belle texture de folie et de poésie. Avec « Adieu les cons » le rationnel s’évanouit pour nous laisser entrer dans un monde parallèle.Tout y est possible, si vous acceptez le lâcher-prise de départ. Cela tourne vite à la fable qui égratigne l’époque avec férocité. La scène du métro qui défile lentement avec un jeu d’ombres et de lumières où une foule dense n’est éclairée que par les éclats des téléphones portables de chacun, voilà une scène d’anthologie….

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Doux comme de la soie… lyonnaise

Dans la région lyonnaise, les aventures du commissaire Abel Severac commencent à être un vrai succès d’édition. Pensez-donc, six romans publiés à ce jour chez les Editions AO, qui se passent chacun dans des arrondissements différents de la ville de Lyon. Cela nous promet donc encore trois opus, et c’est une excellente nouvelle…

Rouge Vaise est le second livre que je découvre après « L’inconnu de la Tête d’Or » que j’avais adoré. Il est vrai, je suis Lyonnais, attaché à ma ville de naissance et suis flatté que l’auteur, Jacques Morize, un Parisien exilé en bord du Rhone, de Saone et du Beaujolais se soit entiché de ma ville de coeur au point de délicatement la magnifier dans chacun de ses romans. Avant d’être des polars délicatement ciselés, les romans de Jacques Morize sont une vraie déclaration d’amour à la ville de Lyon, célèbre pour ses chefs en cuisine, sa rosette, ses grattons et ses bords de fleuve où il fait bon flâner, les yeux rivés sur la basilique de Fourvière.

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Sulfure au temps de Victoria

Je suis toujours épaté quand un auteur contemporain arrive à retranscrire une époque lointaine avec minutie, au point qu’on se sent obligé de vérifier si l’on ne s’est pas trompé sur sa date de naissance. Arriver à raconter les années 1880 en donnant une texture au récit dense et patiemment tricotée relève d’un travail d’historien. Et on sourit à ces retours en arrière qui se situent dans les années 1840 ou encore à celles de la guerre de Crimée. Mais oui, bien sûr, cela a l’air tellement naturel.

Robert Goddard est un écrivain britannique très prolifique. Et on peut le créditer d’un certain savoir-faire pour nous raconter une histoire. C’est long, dense et totalement immersif. Replonger tous les soirs après le bureau dans le Londres des calèches de l’époque victorienne m’a procuré beaucoup de plaisir.

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La culture du pas sérieux

Formidable reportage du Figaro Magazine qui raconte un événement futile de quelques pieds nickelés en haut-de-forme. Sur les traces d’Arsène Lupin, l’anarchiste de droite Sylvain Tesson et quelques potes ont entrepris de gravir l’aiguille creuse d’Etretat. Tout cela en tenue vestimentaire de la fin de siècle… Mais pourquoi donc ? diront les pisse-vinaigres raisonneurs de notre siècle. Tout simplement, parce qu’un vieux topo d’escalade relatait qu’une cordée de l’armée allemande avait gravi l’aiguille en 1942. Un événement fâcheux, car « si personne ne l’a reprise depuis, elle est peut-être encore sous domination du Reich »…

L’humour en bandoulière, Tesson & co ont réussi l’ascension pour hisser là-haut le drapeau tricolore. Mais la pochade ne s’arrêta pas là. Ils ont posé là-haut une plaque citant Arsène Lupin et lancé un appel du haut de l’aiguille. Un petit bijou d’intelligence qui dénonce les bêtises et jérémiades d’une société engluée dans le covid. Savoureux et décalé. De l’humour comme je l’aime…

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Karim, magicien des mots

L’amoureux des mots que je suis, ne peut que vibrer à ce petit film où le mot « confinement », mot oublié du dictionnaire, se glorifie tout d’un coup devant son nouveau succès… C’est brillant, subtil et plein d’humour. Karim Duval manie, il est vrai, un humour ciselé comme de la dentelle. C’est beau l’intelligence et la subtilité….

Cachez moi cette réalité…

En amour, la guerre ne fait pas de quartiers… Telle pourrait être la conclusion des « Apparences », film dont le nom dévoile déjà un peu le jeu d’ombres et de lumières auquel on va assister. Un récit dans une ville étrangère peu connue, une caméra qui se donne des airs hitchcockiens dès le début avec une Karin Viard qui monte des marches en proie à une indéfinissable tension, des petits détails troublants qui émaillent la montée du doute…

Nous sommes au coeur d’un adultère comme il en existe beaucoup. Mais celui-là ne peut bien se terminer car il s’oppose trop à l’image de bonheur sur papier glacé que donne ce couple pour la galerie des mélomanes de la musique classique ( lui est chef d’orchestre ) et de la petite communauté cancanière des expatriés français dans la ville de Vienne.

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