Cinglant comme une balle…

Mel Gibson nous revient avec ce film « Tu ne tueras point » qui s’apparente à une résurrection pour le réalisateur-acteur le plus détesté d’Hollywood. L’homme est connu pour ses convictions religieuses de choc, mais aussi – c’est moins glorieux – pour quelques faits divers violents et autres saillies antisémites.

Pour retrouver les faveurs du box-office, Mel Gibson joue tout en finesse, avec un film certes aux connotations bibliques, mais qui est aussi surtout un film de guerre divertissant célébrant la mémoire d’un héros américain, comme il y en eut peu. Mieux encore, il réussit parfaitement à dérouler son histoire qui captive le spectateur de bout en bout. Une résurrection totalement réussie ! A l’appui de ce plein succès, Mel Gibson utilise deux jeunes acteurs très convaincants, Andrew Garfield dans le rôle principal de Desmond Doss, et la charmante Theresa Palmer qui joue le rôle de sa fiancée Dorothy. Leur histoire d’amour est charmante, avec une authenticité parfaite dans les dialogues, les costumes et même les coupes de cheveux. Le contexte psychologique de Desmond Doss est très bien campé. Etonnamment Gibson fait preuve d’une belle modération pour montrer le ressort religieux sous la volonté farouche du soldat Doss de ne pas porter une arme. Gibson reste fidèle à l’histoire originelle de son héros et il a la sagesse de ne pas le prendre à partie de ses propres combats. Bon point !

Puis le film plonge dans la guerre à outrance sur l’île d’Okinowa pendant les derniers mois du conflit. C’est une boucherie sans nom, filmée avec un esthétisme un peu suspect. Les corps volent et les ventres se vident de leurs boyaux sous le regard complaisant de la caméra. Gibson filme la guerre avec un réalisme farouche qui suscite très vite écœurement et overdose. Pour le coup, Gibson a sans doute durci le trait pour faire du film un brûlot anti-guerre. A moins que ce soit davantage pour souligner le côté surréaliste de ce soldat sans arme endurant ce déferlement de violence sans pouvoir de riposter. Quoi qu’il en soit, la pression psychologique du combattant est parfaitement rendue. Le film est très tripant…

Au final, Gibson réussit parfaitement son coup, avec beaucoup d’émotion, en particulier dans la scène où le capitaine exprime au soldat Doss ses excuses et son admiration sans bornes pour l’Homme qu’il est à ses yeux. Du grand cinéma au service d’une grande histoire. Et d’un homme ordinaire qui mérite de rentrer dans toutes les manuels d’histoire comme le porte-drapeau du meilleur de l’Amérique