1917, la guerre dans les prés…

Un film attendu, bien marketé, primé aux Golden Globes, et au final, un film décevant, factice et peu crédible… Quelle déception !

Cette guerre de 14-18 a été une telle saignée qu’elle me fascine, plus que n’importe quel autre conflit, plus que n’importe quelle autre époque… J’ai un immense respect pour tous ces jeunes hommes qui ont vécu un enfer dans leur chair et dans leur âme, pendant quatre longues années. Quatre années infernales où l’horreur a été quotidienne. Une expérience qui est à mes yeux le comble de la souffrance. Une expérience qu’on aura toujours du mal à raconter avec nos mots, nos images, nos ressentis du moment. L’indicible ne se raconte pas; il est en dehors des mots. D’ailleurs beaucoup de poilus n’ont jamais raconté leur guerre.

Alors, quand on parle de cette guerre, mieux vaut essayer de capter la tension de l’instant comme l’a fait brillamment Kubrick avec ses « Sentiers de la Gloire », plutôt que de montrer des images de front, de tranchées, de no man’s land qui seront forcément réductrices. Certes, Sam Mendes a un réel talent technique pour des travellings vertigineux qui immergent le spectateur dans l’action. Mais au delà de la technique, le contenu est creux; l’histoire peu crédible; et les images de prairies tranquilles où paissent des vaches finissent par être insultantes pour les vrais combattants qui n’étaient jamais totalement tranquilles, à quelques kilomètres du front. Et que dire de cette rivière impétueuse dans une région qui était plate, ou légèrement vallonée ?

1917 est une production qui part assurément d’un bon sentiment, l’hommage de Mendes à son grand-père, ancien combattant, mais le film sombre très vite dans la démonstration, le coup marketing, la reconstitution historique où les décors ne sont pas là pour appuyer l’histoire, mais pour forger l’histoire en eux-mêmes. Il en ressort un manque flagrant d’émotion. Les moments de pause dans l’action sont sans intérêt; l’esthétisme des images nuit à la portée du propos.

Alors, certes, tous ceux qui ne connaissent guère ce conflit, peuvent être séduits par des images bien léchées, mais les autres peuvent passer leur chemin. Sam Mendes filme la guerre avec détachement, comme un jeu vidéo sans âme…