Echantillon de Presse Libre

On savait que la télévision publique était très politisée. J’en ai eu un bel échantillon l’autre jour. Je ne résiste pas à l’envie de vous le raconter.
 
J’ai investi à titre personnel dans une société en croissance, le Lavoir Moderne, qui a comme très belle ambition de nous décharger de la corvée du linge. Cette société vient prendre votre linge à domicile en scooter électrique, le lave, le passe au pressing si besoin, le repasse et vous le livre à domicile. Tout cela à des prix très bas, avec en plus, une obsession de la protection de l’environnement que les particuliers n’ont pas.
 
Le dirigeant dont je suis proche, m’appelle pour me dire que France 3 veut faire un reportage sur le Lavoir, et souhaite rencontrer un actionnaire. J’accepte l’idée, avec la seule exigence que cela ne se passe pas au bureau. Le Lavoir n’ayant pas de bureaux télégéniques, il est finalement décidé de finir le reportage à la maison, en plein après-midi.

 
Le tournage a lieu, après quelques heures passées sur les sites du Lavoir. Les deux dirigeants sont filmés en train de monter les marches de mon appartement pour aller discuter avec un « actionnaire ». Puis conciliabules dans mon salon. On se prête au scénario de bonne grâce.
 
Finalement, je suis interviewé. Pourquoi j’ai investi dans la société ? Je raconte avec fougue ma passion pour le Lavoir, la réponse géniale qu’il apporte à un besoin primaire, l’exigence environnementale, ma révolte face au racket des pressings traditionnels, l’offre compétitive, la création de dizaines d’emplois et enfin et surtout, le formidable pari technologique que constitue une usine très robotisée qui va décharger les jeunes urbains du travail fastidieux du repassage.
 
Puis vient la question à laquelle je m’attendais un peu, mais qui arrive en toute fin d’entretien, alors que nous étions dans un nuage de connivence. Auriez-vous investi sans l’ISF ? Je réponds que la fiscalité était un avantage, mais que le risque sur les sociétés nouvelles était si fort qu’elle ne constituait pas le moteur essentiel. En plus, la bourse étant trop court-termiste, en tant qu’investisseur, je ne détestais pas prendre de l’horizon sur un projet à plusieurs années. Bref, les avantages de la Loi Tepa étaient accessoires…
Nous nous quittons bons copains avec toute l’équipe de France 3. Le reportage est annoncé pour le surlendemain.
 
Cela a fait maintenant un mois. Et toujours pas de reportage… Renseignements pris, nous sommes passés à la trappe. Fort bien, c’est leur droit le plus strict, sauf qu’ils m’ont volé quelques heures de bureau.
 
Mais, après réflexion, ma conviction est faite : tout ce reportage ne visait qu’à la question finale. J’aurais été plus favorable à la restauration de l’ISF, nous aurions eu droit à un reportage où mon interview aurait monopolisé le reportage.
 
C’est un peu affligeant. Car le Lavoir est une très belle aventure, et parler aux Français d’une affaire qui promet un bel avenir, cela aurait plus de sens que de les déprimer à longueur de reportages sur les Gilets Jaunes et le mal-être social. Je croyais naïvement que l’information devait être ouverte et chercher à être positive. Hélas, notre société reste toujours guidée par l’idéologie.