Un conflit qui s’exporte ( trop ) facilement…

Je suis toujours assez mal à l’aise face aux réactions épidermiques que suscite chez nous le conflit israélo-palestinien. Hélas, la semaine écoulée a été une semaine de grande violence avec de nombreux morts. Une nouvelle fois, c’est tragique !… Mais pour une fois, alors que nous sommes le plus souvent anesthésiés par ces flambées de violence récurrentes, nous avons eu droit à des réactions nombreuses, notamment un feu nourri contre Israel tant dans la presse que dans les réseaux sociaux. Les Français ont pris parti…

Ce conflit remonte à 1947, il est plus âgé que la majorité d’entre nous, mais du haut de notre citadelle des droits de l’homme, nous nous arrogeons le droit, tout un chacun, de discerner le bien du mal, les bons des méchants, les agresseurs des victimes. Oui, il est normal de s’insurger contre ces massacres, ces enfants déchiquetés, ces bombes qui ne font pas de détail. Nous nous honorons à dénoncer cette violence gratuite.

Là où je ne comprends plus, c’est quand notre compassion devient unilatérale. Les attaques d’Israël provoquent des réactions brutales, mais celles des Palestiniens ne sont guère dénoncées. Pour beaucoup de Français, la violence des Israéliens est montreuse, celle des Palestiniens simplement légitime. Comme si la vie d’un enfant juif ne valait pas celle d’un Palestinien…

Très clairement, je ne m’inscris pas dans ce parti-pris hystérique. Je trouve, en outre, particulièrement déplacé de calquer notre position dans ce conflit sur notre appartenance politique à droite ou à gauche de l’échiquier. Ainsi, au Front National, on vient de soutenir Israël qui a « droit de se défendre ». La haine du migrant et de l’arabe est tellement forte qu’ils soutiennent maintenant le peuple que leurs pères dans l’infamie ont voulu éradiquer pendant la guerre. A gauche, ce n’est pas mieux. Le parti-pris palestinien est général. Sans doute du fait de cette propension sociale à vouloir être du côté du plus faible. Mais au nom de quoi le plus faible serait-il nécessairement plus dans son droit que les autres ? Pourquoi le plus faible aurait-il nécessairement raison ? En tout cas, la faiblesse ne justifie pas tout, et notamment pas les attaques à la bombe, les assassinats et les attentats.

Je revendique haut et fort ma neutralité dans ce conflit. Je ne peux pas dire que ceux-ci sont meilleurs que ceux-là. Ce serait une supercherie de la pensée. Oui l’état israélien est souvent scélérat. Le côté va-t-en guerre des Israéliens me révolte. C’est presque naturel de vouloir se ranger aux côtés des Palestiniens qui souffrent.

Mais comprenons aussi que tous les Juifs n’ont vécu qu’avec la guerre. Ils sont niés dans leur droit de vivre par des voisins qui veulent leur anéantissement. Je ne suis pas sûr que si j’étais né là-bas, je ne raisonnerais pas comme eux. Quoi qu’il en soit, je détesterais être en permanence sous une menace. Je vivrais très mal l’obligation de donner trois années de ma vie à l’Etat pour défendre le pays. Eh oui, il est bon de se mettre dans la peau des protagonistes, cela permet toujours de mieux les cerner…

Je comprends bien qu’une majorité de mes compatriotes prenne fait et cause pour la Palestine. Il faudra bien leur trouver une terre à ce pauvre peuple de miséreux !… Mais je m’insurge contre ces prises de position quand elles conduisent à un antisémitisme larvé. L’extrême gauche, dans sa passion à défendre les immigrés, recèle de fortes minorités d’antisémites notoires qui prendront les armes contre l’interdiction du foulard et du voile, mais ne lèveront pas le petit doigt quand un juif se fait molester pour port de la kippa.

Je n’aime pas la politique d’Israël, mais j’aime les Juifs. Je me battrai pour qu’ils puissent vivre en paix dans notre pays. Ce peuple a une très longue histoire de victime depuis Moïse et les Pharaons. Depuis 60 ans, ils sont devenus plus âpres à se défendre. Objectivement, on peut le comprendre au vu de l’histoire récente pendant la guerre. C’est à nous maintenant à leur apprendre la modération et le respect des plus faibles. C’est à nous aussi à dire à nos amis arabes qu’Israël est là et que le refus de cette réalité ne peut conduire qu’à une impasse.

Bref, le monde tournera mieux si nous restons d’une grande neutralité dans le conflit. Il ne sert à rien de donner des leçons aux uns et aux autres. Et prêter sa voix au choeur des pleureuses n’apporte rien, sauf à creuser l’antagonisme entre les deux camps.